Texte de Laurence Philippot pour une exposition au 11h11 à Rouen


La pratique de l’URBEX, « urban exploration », consiste à capturer par la photographie des lieux abandonnés par l’homme, en général interdits et/ou difficiles d’accès.

La règle de ces photographes aventuriers du monde entier, est de rentrer sans casser, ne pas laisser de traces de leurs passages, ni voler. Les anglais ont résumé cette loi officieuse avec les 3 principes suivants : « take only photographs, leave only footprints, break only silence ».
 

Rouennaise, Perrine Fliecx commence à se consacrer à la photographie de rue à partir de 2011 et s’attache notamment au street art. Depuis son apparente bulle, elle devient très attentive aux messages et traces urbaines qu’elle commence à chasser en solitaire et illustre parfaitement le sentiment de Raymond Depardon « il faut aimer la solitude pour être photographe ».

 

Très rapidement, elle est amenée à découvrir des friches industrielles pour débusquer des graffitis hors de vue du public. Elle plonge ainsi dans l’urbex, sans même en connaître le terme et en devient très vite addict.

Perrine est aujourd’hui de plus en plus amenée à voyager pour découvrir des lieux oubliés à chaque fois plus insolites et singuliers : usines, châteaux, maisons, prisons, églises, hôpitaux, théâtres, piscines … là où la nature reprend ses droits épargnant quelques traces humaines.

 

Une addiction dont nous profitons avec l’exposition de cette artiste qui s’autorise à partager une expérience de photographe en zones interdites.

 

Une plongée dans le passé, dans un univers « parallèle », hors du temps et du tic tac urbain.

 

Des lieux sensibles et émouvants par les empreintes d’une humanité touchante mais aussi par la légitime revanche de la nature sur les architectures, les matériaux, les esthétismes culturels.

 

Le témoignage d’un monde en déclin, des tristes coulisses de la vie moderne, de la consommation de masse et du gâchis qu’elle génère. La constatation d’un patrimoine en danger.

 

Le challenge et la décharge d’adrénaline que procure l’exploration de lieux interdits. Chaque cliché est une aventure exclusive, un défi accompli.

 

Perrine est une artiste singulière qui révèle la beauté de lieux paraissant à première vue sales et sans intérêt, qui les immortalise en les sublimant.

Chaque photo est traitée comme un tableau, une nature morte où les couleurs, la lumière, la composition contrastent avec le sujet qui peut paraître « glauque ».

Elle voit la symétrie du désordre, l’harmonie du chaos, et parvient d’une façon évidente à représenter le silence et l’aspect figé dans le temps de ces lieux.

 

« L’Art lave notre âme de la poussière du quotidien » Pablo Picasso